Vauvert : histoire du temple EREI


TEMPLE DE L'ORATOIRE de VAUVERT (30600)

LE PATRIMOINE IMMOBILIER.

 

Localisation.

La propriété immobilière de l’association cultuelle Église réformée évangélique indépendante de Vauvert - Gallician est sise rue de l’Oratoire à Vauvert. Elle se situe dans le bâti ancien de Vauvert (XIX e siècle) à 100 mètres des arènes, lieu fort fréquenté en période taurine par les vauverdois mais aussi par toute une population étrangère à notre ville.

 

Descriptif.

Elle comprend :

Au centre du terrain, le temple, bâtiment de stature importante de 14,00 m de façade par 23,00 m de haut et 20,00 m de long auquel il est adjoint sur sa partie arrière une salle dite de couture ou encore bibliothèque de 9,00 m x 6,00 m.

A gauche du terrain, un bâtiment ancien élevé d’un étage appelé la conciergerie de 5,50 m (côté rue) x 10,00 m (côté jardin) et 13,00 m de haut.

Le presbytère édifié en 1967 de type « villa » constitué au R.d.C des salles pour les activités de l’association et à l’étage de l’appartement du couple pastoral.

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HISTORIQUE[1].

Pourquoi deux temples à Vauvert ?

La situation des Églises Réformées n’était pas brillante en France, au début du XIXe siècle. Ces Églises épuisées par trois siècles de luttes et de persécutions, ne possédaient plus la vie qu’elles avaient autrefois, au temps où elles vivaient au Désert.

La philosophie du XVIIIe siècle, aussi bien par l’incrédulité railleuse de Voltaire que par le déisme sentimental de Rousseau avait exercé une profonde et funeste influence sur le protestantisme français. Cet affaiblissement des convictions religieuses avait atteint nombre de pasteurs et membres d’assemblées.

Dans la première moitié du XIXe siècle se produisit un mouvement religieux puissant appelé le Réveil qui rétablit les fondements essentiels de la foi chrétienne et créa les grandes œuvres du Protestantisme évangélique. Les Églises connurent en leur sein des dissidences, certains membres conservant la tendance rationaliste (dite libérale), d’autres optant pour la tendance orthodoxe (dite évangélique). La séparation devint inévitable. A partir de 1864, il se constitua dans le sud-ouest et le sud de la France des Églises Réformées indépendantes.

A Vauvert, après deux années de tentatives pour que libéraux et évangéliques continuent à coexister, l’Église Réformée ne fut pas épargnée et la séparation eut lieu en avril 1867.

 

La construction du temple de l’Oratoire.

C’est donc le 28 avril 1867 que les membres évangéliques de l’Église de Vauvert, ouvrent un lieu de culte avec l’autorisation des autorités. Cinq cents personnes étaient présentes le jour de l’ouverture (Vauvert comptait 4.000 habitants à cette époque). Rapidement, le local situé au début de la route de Nîmes et appelé « le Bouaou » se trouva être trop petit pour accueillir l’assistance de plus en plus nombreuse et il fut décidé de construire un temple.

 

Un astucieux montage juridique...

L’inexistence de statuts juridiques pour les associations cultuelles au XIXe siècle, amena à recourir à un montage juridique qui engageait 19 notables [2] de la ville sur ce projet de construction et verrouillait le système face aux héritiers de ces personnes pour protéger les intérêts de la communauté.

Associés au sein d’une société civile constituée le 11 septembre 1868 devant Maître Aurillon, notaire à Vauvert, selon les clauses du Code Napoléon (livre III, titre 9) et autres dispositions, ces personnalités firent l’acquisition du terrain nécessaire pour 5.437,14 Francs[3] et s’engagèrent à faire construire le temple.

Les dispositions spécifiques inscrites à l’acte notarié apportaient à l’Église la garantie que le bien construit ne pourrait être détourné de sa destination d’origine. En effet, par le mécanisme de la tontine, à chaque décès d’associés les survivants se partageaient les parts libérées sans que les héritiers puissent avoir de recours et ainsi jusqu’au décès du dernier associé. De plus, les héritiers étaient mis dans l’obligation d’acquitter les droits de succession liés à la mutation.

Les statuts de la société engageaient les associés à partager les bénéfices et les pertes. Une telle opération ne pouvant pas apporter d’entrée d’argent, il est évident que ces 19 personnes furent de généreux donateurs (et leurs héritiers aussi).

Une souscription auprès des membres de l’Église à laquelle les plus modestes apportèrent leur contribution, vint compléter le financement.

Les travaux coûtèrent environ 72 000 Francs[4] et s’achevèrent au printemps 1869, l’inauguration solennelle se fit le 11 mars 1869.

En 1889, la société fut transformée en Société Civile et Anonyme, sans que cela amène de changement notoire sur le principe de fonctionnement et pris le nom de Société de l’Église Réformée Indépendante de Vauvert. La publicité légale apparut au PETIT RÉPUBLICAIN DU MIDI en date du 23 juillet de cette année.

 

La loi de 1905.

Enfin le 26 mars 1906, déclaration était faite à la Préfecture du Gard avec parution au J. O. de la création de l’association cultuelle Église Réformée Évangélique de Vauvert - Gallician. Les détenteurs de parts de société en firent don à l’association.

 

Et maintenant ?

Le synode national de 1938 tenta une dernière fois de réconcilier les deux tendances du mouvement réformé mais malheureusement sans succès. La même année, il fut créé l’Union nationale des Églises Réformées Évangéliques Indépendantes à laquelle notre association adhéra. Cette union d’Églises est membre de la Fédération Protestante de France.

L’association cultuelle de Vauvert n’a pas connu d’autre modification de statuts juridiques à ce jour.

Le patrimoine immobilier de l’association fut modifié en 1967 par la vente à la Mairie de Vauvert d’une maison de ville sise 33 rue de la République (don d’un membre de l’Église) qui accueillait le presbytère (aujourd’hui La Poste) et l’édification d’une villa pour la remplacer à l’arrière du temple.


[1] La transcription de la causerie donnée le 11.12.1949 par le Pasteur CALDESAIGUES et les archives de l’association constituent l’essentiel des ressources documentaires.

[2] Thomas Grassart, Jacques Boudet, Jacques Meirargues, François Hippolyte Soulier, Louis Villard, Jean Fabrègue, Pierre Gourgas, Hippolyte Boissier, Hippolyte Brouzet, Philippe Villard, Jean Arnal, Jean Gasquet, Félix Viala, Elie Rigal, Louis Barry, François Aupellière, Auguste Galoffre, François Privat, Albin Pairaube.

[3] Équivalent à environ 300.000 de nos francs (1998).

[4] Environ 1.500.000 francs en 1998.


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Texte : Jean-Jacques Courrée, tous droits réservés.