Génolhac : l'histoire du temple


BRÈVE HISTOIRE DU TEMPLE DE GÉNOLHAC
(ancien couvent des dominicains)

En 1298, Guillaume de Randon, vicomte de Polignac et seigneur de Génolhac, fonda le couvent des Dominicains de Génolhac (Ordre des Frères Prêcheurs), autorisé par le Pape Boniface VIII en 1300, et le pourvut d'un enclos pour y établir leur église et bâtiments conventuels. L'église est dédiée à Notre-Dame de Pitié ou des Sept-Douleurs et comprend six chapelles érigées à diverses dates, la plus ancienne en 1369 et la plus récente en 1765. Au cours des 14ème et surtout 15ème siècles, le couvent reçoit de nombreuses donations pieuses (en échange de prières, messes, sépultures.) qui accroissent sa richesse en terres, celles-ci s'étendant jusqu'à La Canourgue, Villefort, Altier, Collet-de-Dèze, Portes.). Le couvent aurait compté alors de 20 à 30 religieux consacrant leur vie à l'étude, l'enseignement, la prière et la prédication. Le cloître se situait juste en dessous (sud) de l'église (temple actuel).

A la Réforme, les Dominicains de Génolhac, forts de 12 ou 15 frères, doivent fuir leur couvent devant les troupes calvinistes de Claude de Randon-Polignac (1560) ; trois frères cependant abjurèrent et purent rester. Génolhac est alors entièrement protestante ; un pasteur est attesté des 1561 et le premier temple aurait été situé au château (attesté 1594), puis non loin au nord de l'actuelle place des Aires (attesté 1666). De 1561 à 1564, les exercices des deux cultes, catholiques et protestants, furent alternativement troublés et interrompus, à la faveur des édits du roi ou du parlement. En 1562, le couvent est détruit par les protestants tandis que les Dominicains se réfugient au Puy. En 1605, les Dominicains affermèrent aux consuls de Génolhac les biens de leur couvent. Un an plus tard (1606), le vicomte de Polignac vend à Catherine de Clermont, vicomtesse de Portes, la seigneurie de Génolhac.

Après la victoire de Louis XIII sur les troupes protestantes du duc de Rohan à Privas et Alès (1629), la réorganisation du couvent est confiée aux Frères Prêcheurs Réformés de Toulouse (ou d'Occitanie).[1]. C'est sur la demande de certains habitants de Génolhac que le couvent est rétabli en 1629 par un brevet du Roi daté du camp d'Alès, le 25 juin. En 1629, deux frères reprennent alors le chemin de Génolhac, toujours entre les mains des protestants. En 1659, sous la protection des évêques d'Uzès et contre les chiquenaudes des protestants, le couvent est reconstruit. La révocation de l'édit de Nantes en 1685 et surtout les dragonnades forcèrent de nombreuses abjurations, voire l'exil, parmi les protestants de Génolhac. La dernière héritière des Budos de Portes laissa ses biens et droits aux princes de Conti (1693), qui devinrent ainsi co-seigneurs de Génolhac (avec l'évêque d'Uzès). Pendant la guerre des Camisards (1702-1704), qui vit des massacres des deux côtés -catholiques et protestants- les troupes de Jouanny incendièrent et pillèrent l'église et le couvent des Dominicains (31 décembre 1703). Les frères fuirent à nouveau la ville où ils ne reviendront qu'en 1706, soit deux ans après la « pacification » des Cévennes par le maréchal de Villars.

En 1707, les Dominicains achetèrent dix maisons privées adjacentes à l'ancien enclos du couvent au nord de l'église pour y établir les bâtiments conventuels (maison privée actuelle). Par ordonnance de l'intendant de Bâville (1715), les protestants de Génolhac (connus sous le nom de Nouveaux Catholiques) sont condamnés à faire rebâtir l'église du couvent des Dominicains pour la somme de 5000 livres. En 1720, la construction de l'église conventuelle n'est toujours pas achevée.[2]. Le prieur du couvent porte alors le titre de « missionnaire royal de l'ordre des Frères Prêcheurs ». En 1750, il n'y a plus qu'un seul religieux, mais le couvent est maintenu malgré des projets de fermeture et regroupement. En 1770, la population de Génolhac est encore à moitié protestante. Le couvent est assez pourvu matériellement pour entretenir quatre frères, mais l'ordre continue de menacer fermeture. En 1779, le prince de Conti vend ses château, terre et seigneurie de Génolhac à François de Roche.

Le 14 décembre 1790, l'élection des membres de la nouvelle municipalité a lieu dans l'église des Dominicains (dite église des Jacobins). En 1790, tous les ordres religieux étant liquidés en France, les biens du couvent sont mis à disposition de la nation. On ne dénombre alors que deux Dominicains à Génolhac -y compris le prieur- qui choisirent de retourner à la vie séculière. En 1791, le prieur quitte le couvent, tandis que la municipalité s'empare des biens et les met aux enchères. La cloche de l'église du couvent remplace celle de l'église paroissiale.

Dès 1806, les protestants de Génolhac réclament la construction d'un temple. Protestants et catholiques (majoritaires) au sein du conseil municipal, qui est tantôt présidé par le maire, catholique, ou son adjoint, protestant,[3] se disputent âprement l'octroi de l'église des Dominicains (1806-1808) jusqu'à ce que le conseil trouve une offre privée pour le rachat de l'église par la commune. Mais le 29 février 1810 les protestants, qui étaient déjà maîtres de l'église (dont le toit était en partie écroulé) s'en étant assuré la possession par procès-verbal du juge de paix (29 mars 1809), achètent l'église, appartenant alors à la caisse d'amortissement, pour la somme de 800 francs et 62 centimes. L'édifice fut réparé et converti en temple protestant la même année, ainsi qu'en témoigne la date de 1810 inscrite sur la girouette surmontant le clocher du temple.

Le temple actuel a subi depuis lors de légères modifications. Un mur de séparation fut érigé entre la nef et le chour pour pallier aux effets d'écho. La table de communion serait de l'époque conventuelle ; on remarquera à gauche de la table une porte (bouchée) que les Dominicains franchissaient pour pénétrer dans le chour depuis la sacristie attenante (propriété privée). La chaire, très sobre, semble dater du 19ème siècle.

Jacques Roussellier.

Sources :




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Texte : Jacques Roussellier, aimablement transmis par Johann Schaefer, tous droits réservés.