La chaire d'Abraham Mazel (48)


la chaire d'Abraham Mazel
autre vue de la chaire d'Abraham Mazel

La chaire d'Abraham Mazel au Pont de Montvert (48) :
se situe dans une propriété privée et ne se visite pas.

Description et historique : Cet agencement de pierres est La Chaire d’Abraham Mazel. La construction elle-même n’a rien de spectaculaire mais le site est chargé d’Histoire.
       Qui était donc cet Abraham ? Il s’agit d’Abraham Mazel et c’était un chef Camisard, prophète comme l’étaient tous les chefs protestants de cette guerre de religion tardive et particulière.
       Cette construction se trouve sur le territoire de la Commune de Pont de Montvert où a débuté, avec l’exécution, le 24 juillet 1702, de l’Abbé du Chayla, Intendant des Missions chargé de la conversion forcée des protestants après la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685, la Guerre des Camisards. Située dans un bois du Pont de Montvert, elle n’est pas facile à découvrir et on va comprendre pourquoi.
       Donc, après l’Edit de Fontainebleau, au terme duquel Louis XIV révoquait l’Edit de Nantes, pris par Henri IV en 1598, interdiction était faite aux Protestants de pratiquer leur culte. Pour des raisons qui mériteraient un développement spécifique, cette interdiction a été, plus qu’ailleurs, mal vécue par les protestants des Cévennes, majoritaires dans la population.
       Des cultes clandestins, les Assemblées du Désert, se tinrent alors dans des endroits isolés. Des Pasteurs, des prédicateurs laïques aussi, car la liturgie protestante le permet, assuraient le culte devant les fidèles qui, ayant eu l’information, laquelle avait circulé de bouche à oreille, s’étaient réunis à l’endroit indiqué. On notera que pour cette période et cette région on a assisté à un phénomène de prophétisme, les intervenants recevant l’inspiration.
       Le site de la Chaire d’Abraham a été l’un de ces lieux de rassemblement Protestant qui évidemment étaient cachés et, si possible, gardés secrets. Abraham Mazel y aurait officié, la chaire ayant été construite à cette fin.
       Ces cultes clandestins étant interdits, la répression s’abattait impitoyablement sur ceux qui étaient pris par l’armée quand une Assemblée du Désert était surprise. Les prédicants, pasteurs ou laïques, étaient exécutés, les hommes envoyés aux galères et les femmes enfermées à Aigues-Mortes, à la Tour de Constance plus précisément. La plus célèbre des pensionnaires de cette tour est Marie Durand, qui y est restée prisonnière pendant 38 ans.
Une des Assemblées du Désert qui s’était tenue sur le site de la Chaire d’Abraham a été surprise par les Dragons, les dragons étant les soldats employés sur le secteur par l’Intendant du Languedoc chargé de l’application des directives royales. Abraham Mazel n’y a pas été pris. Il a d’ailleurs survécu à la Guerre des Camisards, laquelle s’est terminée en 1704. Abraham Mazel a cependant été fait prisonnier en janvier 1705 et a été enfermé à la Tour de Constance d’où il a réussi à s’évader de manière spectaculaire en juillet de la même année. Il n’est mort qu’en 1710 après avoir tenté de « déterrer à nouveau la hache de guerre. »
Les protestants de la région ont dégagé une aire autour de la Chaire d’Abraham et, traditionnellement au mois d’août, un culte y est célébré.

D'après http://cessenon.centerblog.net/23.html

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Photos : Johan Schaefer, tous droits réservés.