MEAUX (77)
Nommé évêque en 1518, Guillaume Briçonnet, ancien abbé de Saint-Germain- des Prés, entreprit de réformer son diocèse. Il appela en 1520 son ancien professeur, Lefèvre d’Etaples, et ses disciples, dont Farel, et instaura le Cénacle, école de théologie, pour faire prêcher les idées nouvelles, en français, dans les églises environnantes.
Sur intervention de la Sorbonne, Briçonnet abandonna son entreprise ; en 1525, le groupe se dispersa, mais la réforme se propagea néanmoins de maison en maison dans le peuple et en 1546 la première église évangélique de France fut dressée dans le quartier du marché, grâce à Pierre Leclerc, qui avait rencontré Calvin à Strasbourg.
60 personnes furent arrêtées dans la maison Mangin, 14 brûlées vives.
Voir à Meaux; la cathédrale, la crypte du Chapître où furent installées les presses de Simon de Collines qui imprimèrent les Commentaires sur l’évangile de Lefèvre, le temple où sont rappelés les noms des 14 martyrs, et, dans le marché, la plaque qui marque le lieu de la maison Mangin.
NANTEUIL-LES-MEAUX (77)
Malgré les persécutions, le quartier du Marché à Meaux devint totalement protestant et l’église, vendue par le curé, le temple. Après le massacre de Vassy et le début des guerres de religion, les protestants chassés par les troupes du roi, s’installèrent, vers le Nord, à Chermont (Nanteuil) et commencèrent la construction d’un temple vers 1670. Après l’ Edit de Nantes, le hameau et le temple leur furent accordés officiellement en 1599.
Le temple fut détruit à la Révocation. Au 18ème siècle, de nombreux cultes eurent lieu ‘’au désert ‘’ ; Charmusy, dernier pasteur martyr, fut arrêté en 1771 et mourut dans la prison de Meaux. Plus de 100 couples se rendirent à Tournay pour faire bénir leur mariage.
En 1827, un nouveau temple fut inauguré en présence du marquis de Jaucourt, qui avait offert la cloche. Voir à l’intérieur quelques panneaux historiques et le plan du 1er temple de Chermont. A la sortie du bourg, vers le nord, une plaque a été posée en 1985, pour marquer son emplacement.
En face, sur la colline, était le château des seigneurs Du Houx, protestants, compagnons d’armes de Condé.
QUINCY-VOISINS (77)
Le vaste temple construit et inauguré en 1834 est en cours de restauration. En 1590, plus de 100 personnes périrent dans l’église incendiée par les ligueurs de Meaux qui avaient attaqué le village.
Voir la rue Etienne Robert, nom donné à la mémoire d’un exilé du village à la révocation de l’Edit de Nantes, premier bourgmestre de Neu-Isenburg, près de Francfort.
A voir également, la belle ferme briarde de Charny, à l’écart du bourg, propriété des seigneurs de Meaux, au 16ème et au 17ème siècle, dont deux membres périrent à Meaux, à la tête des combattants réformés
MONTCEAUX-LES-MEAUX (77)
Le château de Catherine de Médicis, construit par Philibert Delorme en 1547, conserve de très belles ruines. Henry IV le donna à Gabrielle d’Estrées qui le fit rénover par Salomon de Brosse. En 1595, eut lieu dans le parc, la réconciliation avec Mayenne, le chef de la ligue. En 1567, Condé et les chefs huguenots avaient tenté de faire prisonnier Charles IX en séjour à Montceaux. Bien protégé par les soldats de la garde suisse, il put regagner Paris.
CLAYE-SOUILLY (77)
Sur la Nle 3, à 15 kms de Meaux, l’église actuelle est l’ancien temple protestant où se tint, en 1601, un synode régional, sur les terres du sieur Anjorrand, conseiller au Parlement de Paris, et dont la femme était la fille de Guillaume Budé, professeur au Collège de France.
LIZY-SUR-OURCQ (77)
On laisse mourir doucement l’imposant château huguenot où se tint le dernier synode régional en 1683, avant la révocation. De nombreux artisans et industriels s’exilèrent vers la Suisse et l’Allemagne, ce qui provoqua la ruine de la ville.
JOUARRE (77)
Ce bourg est célèbre par sa magnifique crypte mérovingienne. Le musée, installé dans la tour de l’abbaye bénédictine, évoque le souvenir de la jeune Charlotte de Bourbon, abbesse de Jouarre contre son gré à 13 ans en 1559. Elevée protestante par sa mère, elle s’enfuit en 1572, chez sa sœur, duchesse de Bouillon à Sedan. Elle épousa Guillaume d’Orange dont elle eut 6 filles. Après sa mort en 1581, le Prince se remaria avec Louise de Coligny, la fille de l’Amiral qui éleva tous les enfants.
MAZAGRAN (SAINT-DENIS-LES–REBAIS - 77)
Dès 1560, de nombreux seigneurs, au centre de la Brie, adoptent la Réforme et s’allient à Condé, de la Ferté sous Jouarre, le chef du parti huguenot (Chalendos-Saint-Siméon, Touquin, Lumigny, Mortcerf, la Charmoy, Launois-Renault, etc…). Sur leurs terres, on devient protestant.
A Saint-Denis -les- Rebais, près de Chalendos, de nombreux huguenots se réunissent à la chapelle du seigneur Lhuillier. En 1598, un temple est accordé à Mortcerf ; le pasteur itinérant présidera aussi les cultes dans toutes les chapelles de fief. Voir, à la mairie, les registres protestants originaux de 1598 à la Révocation et dans l’église, les magnifiques boiseries classées, provenant probablement d’un château huguenot détruit.
Après la Révocation, une trentaine de familles, principalement de tisserands, s’exilent vers la Suisse et l’Allemagne. A Neu-Isenburg, près de Francfort, le musée de la ville, est l’ancienne auberge du Lion d’Or, la maison d’Isaac Jolly de Saint-Denis-les-Rebais, plusieurs fois le bourgmestre de la ville. Un descendant, Auguste Jolly, professeur de droit à l’université d’Heidelberg, devint ministre de Bismarck, et signa en 1871 le traité de Versailles, qui fondait l’empire allemand. En 1768, l’église au désert est reconstituée avec le pasteur Charmusy qui mourra torturé en 1771, dans la prison de Meaux. En 1811, le premier temple protestant est reconstruit en Ile de France, dans les murs de l’ancien pressoir moyenâgeux de l’Abbé de Rebais. En 1837, un pasteur est nommé. L’église devient très dynamique avec plus de 200 membres, d’où une école protestante (1846), un nouveau temple (1858 ) et plus tard, une salle paroissiale,un grand presbytère et un cimetière protestant à l’emplacement du premier temple. Voir plaque (1787). Sur le mur du presbytère, une autre plaque évoque le souvenir d’Edmond Pinhède, fils du pasteur, né ici en 1911, compagnon de la libération, devenu général et décédé en 1996 .A l’intérieur du temple, sur quelques panneaux, histoire de Mazagran et de la Brie protestante.
A 10 kms à l’est, le château de Launois - Renault, bien conservé, construit sous François 1er, appartenait à la famille de Beauvau et fut un rendez-vous des seigneurs huguenots au 16ème siècle.
A Coulommiers, 9 kms à l’ouest, la duchesse de Longueville avait fait construire, vers 1610, un immense château par Du Ry selon les plans de Salomon de Brosse. Il fut détruit en 1750. On peut encore admirer quelques ruines du pavillon des gardes et le magnifique parc des Capucins.
CHATEAU-THIERRY – MONNEAUX (02)
La Réforme, venant de Meaux au 16ème siècle, s’est d’abord implantée à la maison forte de Nogentel, dans la campagne, puis à Monneaux un village de vignerons, sur la colline, véritable refuge huguenot, près de l’abbaye d’Essomes sur Marne. En pleine révolution, tous les habitants se mirent d’accord pour construire un temple,
Inauguré en 1793 par le pasteur Mauru, adjoint du pasteur J-Baptiste Hervieux de Meaux qui sera guillotiné en 1794. En 1804, après le Concordat, Monneaux fut le siège de la première église consistoriale de la Brie champenoise. Après la mort de Mauru en 1806, Nicolas Hervieux le fils, pasteur formé à Lausanne, desservira pendant 25 ans les églises réformées de Monneaux, de Saint-Denis-les-Rebais et toutes les communautés protestantes de la Champagne. Endommagé par les obus en 1918, le temple est maintenant restauré.
En raison des nombreux soldats américains tués à la deuxième bataille de la Marne, en 1918, l’Eglise réformée des Etats-Unis fit don, à l’Eglise Réformée de France, d’un temple construit de 1922 à 1924, près de l’Hôtel de ville de Chateau-Thierry. Les magnifiques vitraux latéraux et ceux du chœur, d’après les dessins de Burnand, représentent quelques paraboles et quelques théologiens de la Réforme : Jean Huss, Calvin, Farel et Lefèvre d’Etaples (Luther étant absent). Au-dessus des orgues, un vitrail représente le général Pershing débarquant à La Rochelle. Au centre se trouve La Fayette, entouré des généraux Foch, Joffre, Pétain et Nivelle.
BLANDY-LES-TOURS (77)
Sur la route de Coulommiers à Melun qui mène à Blandy, on traverse Mauperthuis et le parc de l’ancien château du Marquis de Montesquiou. A l’époque de Voltaire, ce seigneur avait recueilli les restes de l’Amiral Coligny et avait fait construire par Brognard, un magnifique tombeau. Plus tard, le cercueil fut rendu à la famille, à Chatillon Coligny.
A 30 kms au sud, près de Vaux le Vicomte, subsiste un très beau château du Moyen Age, restauré actuellement par le Conseil général. Jacqueline de Rohan, née vers 1520, veuve en 1548, devenue Marquise de Rothelin, et huguenote en 1558, en était l’héritière. Sa fille Françoise d’Orléans y naquit et épousa Louis de Condé, le chef du parti huguenot, veuf, celui qui sera assassiné à Jarnac en 1569. C’est à Blandy qu’eut lieu, en 1572, le mariage de Henry de Condé, son beau fils, avec Marie de Clèves ; en présence d’une foule de nobles protestants dont beaucoup périrent à Paris, lors du massacre de la Saint-Barthélemy. Jacqueline de Rohan mourut en 1587 et fut inhumée dans la crypte de l’église Saint-Maurice du village. A la Révolution , le plomb du cercueil servit à faire des balles. En 1853, l’ancien fossoyeur du village, apprit à Mr.Taillandier, l’historien de Blandy, que les restes de la dépouille mortelle lui avaient été confiés et qu’il les avait enterrés dans le cimetière communal. Après quelques fouilles, on les retrouva. Le conseil municipal avait l’intention, au cours d’une cérémonie de remettre le cercueil dans la crypte, avec l’autorisation de l’évêque de Meaux.. Apprenant qu’elle avait été protestante, il refusa. Elle fut donc inhumée de nouveau dans le cimetière communal avec les non-catholiques, sous les auspices du duc d’Aumale, le plus proche descendant.
Bibliographie : en projet, aide souhaitée.